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De l’impuissance politique …

Publié le 15 décembre 2024

" Je ne fais pas de politique ". C’est le genre de réplique que l’on entend couramment dès qu’on essaye de lancer une conversation sur un sujet politique.

Si l’on prend au pied de la lettre ces paroles, les personnes qui affirment ne pas faire de politique se déclarent non concernées par la chose publique et par les affaires du monde en général. Cet aveuglement volontaire et ce refus de débattre, me laissent pantois, car notre planète est aujourd’hui à feu et à sang, notre survie même est menacée par des guerres, des crises écologiques, l’épuisement des ressources, l’effondrement de la biodiversité (et j’en passe), toutes crises qui sont directement les conséquences des actions de l’homme, de sa poursuite incessante du profit, de sa volonté de puissance et de domination, motivations qui sont les moteurs du système capitaliste. L’état du monde et de la société sont donc bien la conséquence directe des actions humaines ; c’est bien notre façon de gérer la planète qui est en cause et comme les catastrophes à venir affecteront sans distinction tous les humains sur toute la planète, il est en fait impossible pour une personne lucide de se dire indifférente.

Si tant de gens adoptent la stratégie de l’autruche et refusent de s’impliquer activement, c’est parce que ces individus se sentent totalement impuissants, font confiance à leurs dirigeants politiques et croient dans les vertus de ce système économique. Pourtant, ce sont bien les choix faits par les dirigeants politiques (quels qu’ils soient) et les propriétaires des moyens de production qui nous ont amené au bord du précipice. Mais l’immense majorité des citoyens – parce qu’on ne cesse de le lui rabâcher – est persuadée que la démocratie consiste simplement à déposer de temps à autre un bulletin dans une urne et fait confiance à ses élus. Cet acte qui permet aux citoyens de se décharger du souci de gérer les politiques publiques, c’est-à-dire leurs affaires sur une minorité de professionnels, est présenté par les institutions comme la preuve de leur esprit démocratique. Les électeurs le valorisent comme une conquête et la preuve qu’ils maîtrisent leur destin. Mais ce ne sont là que des illusions, car les élus font ce qu’ils veulent, gèrent et organisent le monde en fonction de leurs intérêts propres et de ceux de leurs amis, les propriétaires des moyens de production.

Comme par ailleurs le pouvoir rend fou, fait gonfler démesurément l’égo des dirigeants et que tout individu nanti d’un pouvoir va prioritairement chercher à le faire grandir démesurément, il ne faut pas s’étonner si des élus prennent des décisions catastrophiques.

Dans une époque révolue ici, les pouvoirs politiques s’appuyaient sur les religions pour conforter leur pouvoir et maintenir les individus dans la peur. La répartition inégalitaire des fortunes et des pouvoirs était alors présentée comme voulue par la divinité et donc immuable.
Dans ces régimes, les personnes se soumettaient volontairement aux diktats du tyran. Les pouvoirs des divinités n’étant plus aujourd’hui suffisants pour maintenir les populations sous le joug de leurs dirigeants, ils ont « inventé » une nouvelle divinité, le suffrage universel, qui permet à peu de frais d’obtenir la paix sociale. En échange de pouvoir choisir leurs dirigeants, les populations doivent accepter d’obéir et se soumettre.

Mais cette sorte de contrat est en fait un marché de dupes, car en acceptant de confier par le biais des élections à ces dirigeants le soin de gérer les affaires publiques, ils se retrouvent totalement à leur merci, et abandonnent entre leurs mains la maîtrise de leur destin. Ce système électoral aboutit en fait à la division de la société en deux : d’une part une classe constituée de politiciens tenant les manettes de l’appareil d’État alliée aux propriétaires de l’appareil de production et d’autre part une classe d’exploités dont le rôle se réduit uniquement à celui de consommateurs, de travailleurs et d’électeurs. Consomme, travaille et ferme là. Leur droit de vote ne leur donne qu’une impression très fugace de liberté, le temps qu’un bulletin met pour tomber au fond de l’urne et que leurs illusions s’effondrent.

Leur situation de soumis explique leur dépolitisation, le sentiment d’abandon et d’impuissance qu’ils ressentent, toutes choses qui les rendent très facilement influençables et manipulables. Cette masse d’électeurs en déshérence constitue donc une cible de choix pour tous les politiciens populistes de droite ou de gauche qui vont chercher par tous les moyens à gagner leurs suffrages. La victoire électorale de Trump aux États-Unis, la montée des extrêmes droites partout dans le monde en sont un siècle après les prises de pouvoir de Mussolini et Hitler de nouvelles preuves. La dépolitisation des populations constitue donc un double danger, d’une part en laissant les mains libres à des politiciens uniquement préoccupé de satisfaire leurs ambitions et d’autre part en facilitant l’arrivée au pouvoir de malades mentaux assoiffés de pouvoir.

Que le monde soit aujourd’hui au bord du précipice n’a donc rien d’étonnant et seul un sursaut, une véritable révolution sociale, aboutissant à l’instauration d’un véritable système de démocratie directe, c’est-à-dire à la gestion de la société par les gens concernés eux-mêmes, permettra d’éviter l’effondrement.