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Chroniques des Assemblées Populaires Toulousaines

Publié le 10 juillet 2007

Tout a débuté le soir de l’élection présidentielle. Comme dans de nombreuses villes à l’intérieur de nos frontières, plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur colère. Sans aucun mot d’ordre ni appel d’une organisation quelconque, ces mêmes personnes se sont retrouvées le lundi soir, puis le mardi, place du Capitole. C’est là, au cours de discussions fraternelles (nonobstant les lacrymogènes et les agents provocateurs de la police) que certains ont émis l’idée de se retrouver, afin de créer un espace de dialogue véritablement démocratique, avec pour objectif de préparer la résistance populaire nécessaire pour contrer le pouvoir politique fraîchement élu. Ailleurs, comme à Nantes, des initiatives similaires ont également été prises. Aux dernières nouvelles, se tenant tous les mercredis, elles réunissaient plusieurs centaines de personnes.

Il y eut donc un premier rassemblement, le dimanche 13 mai, sur la place St Aubin, en début d’après-midi. Là, étaient présents plus d’une centaine de personnes. Cette assemblée - à première vue hétéroclite - composée d’étudiants, de travailleurs et de sans domicile fixe, était animée du même sentiment, à savoir la légitimité de leur colère - par opposition à la soi-disant légitimité électorale - et la nécessité de s’organiser pour résister. Il fut donc décidé de continuer, et le prochain rendez vous fut pris pour le mardi suivant à la Chapelle - un squat culturel toulousain bien connu - toujours pour discuter et se rencontrer, mais aussi en vue de la préparation d’une manifestation le mercredi 16 mai, jour de l’intronisation de notre nouveau despote.

Si les organisations politiques avaient quant à elles appelé à une manifestation cortégiale, pour 18h le même jour, et avaient réuni un peu plus de trois cents personnes, elle s’était terminée par un "Bon, ben la manif est terminée, dispersion et à la prochaine" - ce ne sont pas les mots exacts, mais là en était bien l’essence (faute de vouloir allumer la mèche). Le rassemblement, appelé entre autres par l’assemblée, réunit quant à lui plus de deux cents personnes. A noter que la plupart des présents n’avaient d’ailleurs pas participé à la promenade pseudo revendicative habilement programmé à la hâte 2 heures plus tôt.

Donc, ensemble sur cette place et durant plusieurs heures, au grand dam de la police et malgré les provocations, nous avons discuté, par petits groupes, passant de l’un à l’autre, un débat par-ci, une discussion par-là. L’information fut donnée qu’une assemblée aurait lieu le dimanche suivant, à la Reynerie, afin de créer des liens entre le centre ville et le quartier ghetto du Mirail, conformément à la décision de la veille prise à la Chapelle.

C’est ainsi que se sont déroulées trois nouvelles assemblées populaires. Après celle de la Reynerie, vint celle d’Arnaud Bernard - un autre quartier populaire de Toulouse - puis encore une autre le week-end dernier, toujours à la Reynerie. Ainsi, au moment où j’écris ces lignes, le prochain rendez-vous est prévu de nouveau sur la place St Aubin. Si, au fil du temps, l’affluence a connu quelques baisses, chaque assemblée voit arriver des personnes nouvelles - venant partager leurs expériences, leurs colères, leurs espoirs - et s’en trouve à chaque fois enrichie.

Ainsi, suite à la venue de salariés de l’aéronautique, des tracts ont été rédigés (par les intéressés eux-mêmes) et distribués cette semaine sur différents sites d’Airbus, appelant les travailleurs à la résistance pour lutter contre le plan Power 8 et les encourageant dans la grève sauvage comme ils ont su le faire il y a quelques semaines. De même, des solidarités sont nées avec des agents des maisons de retraites qui manifestaient le lundi de Pentecôte pour dénoncer leurs conditions de travail et le fait que le jour férié volé n’a résolu aucun problème.

Mais direz-vous, quelles sont les perspectives, les buts, les modes d’organisation ? Moi-même ou d’autres vous répondraient certainement des choses bien différentes. Une chose est sûre, ces assemblées populaires sont un espace de rencontre et de partage. Là se tissent des liens et gageons, comme me le laissent entendre les personnes rencontrées lors des différents tractages "On connaît, on en a entendu parler", que lors du prochain accès de colère, elles seront un formidable outil, non instrumentalisé et n’appartenant à aucune organisation, pour engager la résistance populaire et lutter.

Kiddam (Toulouse)

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