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QUESTIONS D’ORGANISATION : L’EXEMPLE DE LA FORA

Publié le 14 novembre 2008

Le numéro 348 de "CNT" (août), organe de la section espagnole de l’AIT
publie une interview du secrétaire général du Conseil fédéral de la FORA
(Fédération ouvrière régionale argentine, section de l’AIT) qui est dans
son ensemble du plus grand intérêt. Parmi les divers sujets abordés, celui
qui concerne la structuration de la FORA fait écho à notre propre débat.
Voici la réponse à une question sur les grandes différences entre la FORA
et la CNT :
"La première, est de ne pas avoir pour finalité le syndicalisme, car nous
pensons que quand une révolution et une transformation sociale se feront,
le peuple aura à décider comment s’organiser.

Une autre différence, c’est que la FORA n’a pas de statuts comme la CNT en
possède. Elle a par contre des accords de congrès qui portent sur ses
finalités et ses principes. Notre finalité, c’est le Communisme
anarchiste, tel qu’il a été défini lors du Ve Congrès.

De plus, nous ne sommes pas déclarés. Jamais, depuis le début du précédent
siècle, époque à laquelle notre organisation a été créée, nous n’avons eu
de croyance en l’Etat, c’est pourquoi nous n’avons jamais voulu valider
cette institution en nous présentant dans ses bureaux ou faire des
démarches de ce type pour nous y déclarer.

Enfin, à la FORA, nous avons des sociétés de résistance qui se créent soit
par métier soit par localité et notre structure serait du local au
provincial et de là au régional - c’est-à-dire au pays - et de là à
l’international."

Quand la FORA dit qu’elle n’a pas pour "finalité le syndicalisme" ; il
faut entendre qu’elle n’avalise pas le principe de la "syndicalisation des
moyens de production" comme mode d’organisation de l’économie en période
révolutionnaire et post-révolutionnaire. Ce modèle, correspondait
certainement à un moment du développement industriel et de l’organisation
sociétale dans son ensemble, mais n’a jamais été qu’une possibilité parmi
d’autres. Pour notre part, nous partageons le point de vue énoncé dans
cette interview : c’est en marchant qu’on avance, c’est en enclenchant un
processus révolutionnaire que nous trouverons, ensemble, les moyens
d’organiser l’économie, sans schéma intangible préconçu mais avec des
principes de base clairement libertaires.

Le deuxième point est encore plus intéressant. La question de savoir
comment elle se structure est, évidemment, basique pour une organisation.

En France, beaucoup de militants ont encore l’impression qu’une
organisation "ça ne peut fonctionner" que si "c’est écrit" et si "tout est
prévu". De ce fait, les statuts sont des mécanismes complexes, avec de
lourds rouages (syndicat, Ul, UR, fédération, comités confédéraux
nationaux, commission administrative, commission de contrôle, bureau,
Congrès...) alimentés par tout un jeu, de motions, contre-motions, votes,
contre-votes... bref une machinerie qui finit par tourner sur elle-même à
milles lieues de la réalité sociale. Mais certains pensent encore que sans
elle, il n’y aurait ni fédéralisme, ni solidarité, ni possibilité d’action
commune. L’exemple de la FORA (qui a une histoire révolutionnaire
particulièrement riche et qui se développe à nouveau après les années de
dictature) prouve qu’il n’en est rien, qu’une organisation
anarchosyndicaliste peut remarquablement conjuguer solidarité,
fédéralisme, action directe sur le lieu de travail et dans la société,
sans l’ombre d’une ligne de statuts. Avec simplement "des accords de
congrès qui portent sur ses finalités et ses principes". On peut
onguement s’interroger sur ce que doivent contenir de tels accords
(analyse de la société ? Projet à court, moyen, long terme ?...). Ce que
nous apprenons ici, c’est qu’une grande idée peut suffire. L’accord sur
lequel repose la FORA depuis 1905 (Ve Congrès) est =en effet des
plusapidaires. Le voici dans son intégralité
 : "Le Ve Congrès ouvrier régional argentin, conséquent
avec les principes philosophiques qui font la raison
d’être de l’organisation des fédérations ouvrières
déclare : qu’il approuve et recommande à tous ses
adhérents la propagande et l’illustration la plus ample,
afin d’inculquer parmi les ouvriers les principes économiques
et philosophiques du communisme anarchiste. Cette éducation, en empêchant
qu’ils s’arrêtent à la nquête des huit heures, les mènera à leur complète
émancipation et, par voie de conséquence, à l’évolution
sociale qui se poursuit". Point final.

La FORA nous offre donc la preuve, si besoin en était, qu’une organisation
sans statut et avec un texte de base de quelques lignes est tout à fait
opérationnelle et anarchosyndicaliste. Sachons tirer le suc de cet
exemple, développer et mettre en pratique notre réflexion. Une
organisation avec des statuts simples, dont le réseau mette en relation
les différentes entités (comme souligné dans le dernier paragraphe de
l’interview), est certainement mieux adaptée à notre réalité, à la
situation de la société, à notre volonté de lutte et de réflexion et nous
offre plus de perspectives que tout ce dont nous disposons actuellement.

Des militants

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