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GREVES SPONTANEES A AIRBUS

Publié le 24 mai 2009

Depuis maintenant deux ans des salariés anarchosyndicalistes de l’aéronautique mènent un travail de fond régulier dans leurs entreprises. Il ne s’agit pas d’y déclarer des sections syndicales qui les auraient aussitôt fragilisés mais bien d’entretenir discrètement un réseau d’informations et de discussions informelles entre les travailleurs. Les militants de la CNT-AIT ont appuyé cette action par une présence régulière faite d’affichages, tractages et cafés aux portes du vaste site industriel d’Airbus.

Il faut rappeler que le site d’Airbus-Toulouse est d ’une importance stratégique capitale. Non seulement du point de vue économique et symbolique, mais aussi de par le nombre de salariés : ceux du coeur de la production ajoutés à tous ceux de la sous-traitance est considérable. Dans le contexte de crise sociale actuelle leur mise en mouvement aurait donc des conséquences décisives dans la région et serait très importante pour le pays.

Cette importance, le pouvoir la connaît. C’est pourquoi l’histoire de l’entreprise est aussi l’histoire d’un encadrement syndical strict duquel dépend non seulement le Comité d’Entreprise mais aussi les embauches. Ce sont des syndicalistes, surnommés les "tontons" par les ouvriers, qui font qu’on "entre" ou pas chez Airbus. Aussi, jusqu’à présent, les luttes sociales et surtout l’idéologie sous laquelle elles étaient menées étaient-elles parfaitement sous contrôle. C’est ce qui explique que l’an dernier la direction s’est cru suffisamment forte pour bafouer les salariés en leur allouant une prime annuelle dérisoire de 2,80 euros. Mal lui en a pris, car la riposte fut contondante : La provocation patronale de 2008 occasionna une grève immédiate (et ce, malgré la tentative de démoralisation des syndicats). Les ateliers de différents sites, dont celui de Toulouse, s’arrêtèrent illico, ce qui eu pour effet un recul tout aussi immédiat de la direction qui lâcha 800 euros en sus.

Chat échaudé craignant l’eau froide, le constat étant que les syndicats ne suffisaient plus à maintenir l’ordre, la tactique suivie en matière de primes par la direction fut cette année entièrement opposée à celle de 2008. La veille de la journée de mobilisation interprofessionnelle du 19 mars dernier, les salariés purent donc apprendre, qu’en pleine période de crise dans l’aviation, leur prime d’intéressement était revue à la hausse et passait de 2,80 euros (en 2008, avant la grève) à 1 590 euros (en 2009) ! Le patronat escomptait certainement ainsi calmer les plus ardents des ouvriers. Il n’en fût rien.

Le mercredi premier avril au petit matin, plus de 150 étudiants en lutte diffusèrent lors d’un barrage filtrant des milliers de tracts sur le site d’Airbus, occasionnant des embouteillages de plus de 20 Kms sur les routes y donnant accès, et cela, qui est le plus important, avec la sympathie des salariés qui se rendaient à leur travail. (Cf. témoignage)

Ce tract, qui n’était signé d’aucune organisation politique ou syndicale se terminait par ces mots : "Auto-organisons nous sur nos lieux de lutte, lieux de vie, lieux d’étude, lieux de travail....Pour construire ensemble la grève générale."

Cette action a suffisamment marqué les esprits pour que le lundi suivant ait encore lieu une grève spontanée sur la chaîne de production de l’A 320. Ces faits nous prouvent bien l’efficacité de l’action collective et solidaire. Comme dans d’autres conflits (on le voit dans les usines en lutte contre les licenciements comme Caterpillar) le pouvoir combine à la fois la carotte et le bâton. Son but est à chaque fois d’isoler les gens et d’empêcher leur unité réelle. Qu’il organise lui-même la promotion de l’unité syndicale, qu’il essaie d’acheter les consciences ou qu’il tente d’en réprimer d’autres, c’est toujours ce même but qu’il poursuit.
C’est pourquoi nous n’en resterons pas là et les anarchosyndicalistes continueront à intervenir pour que l’action se fasse de plus en plus collectivement et sur des bases saines.

C et P

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