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La violence aussi fait débat

Publié le 18 juillet 2011

Depuis que tout cela a commencé ce mois dernier, un débat houleux sur la
violence traverse le mouvement du 15-M.. Je voudrais donner mon opinion.
Actuellement, je suis pour l´utilisation de la non-violence de manière défensive
et en réponse à la violence du système. N’avoir que 600 € de revenu est violence,
avoir à supporter les licenciements est violence, perdre ton logement est
violence. La liste est longue des actions violentes que le système capitaliste d´Etat
mène contre nous.

Par conséquent, la question n´est
pas de savoir si utiliser la force contre
ce système est ou n´est pas légitime. La
question est savoir si c’est ou pas bénéfique
pour nous. Nous sommes un
mouvement jeune, pluriel et encore
peu autorégulé. Bien qu´il semble que
nous soyons nombreux, nous sommes
encore trop peu, moins de 1 % de la
population. Par conséquent, nous ne
sommes pas encore suffisants pour
donner des coups de force. Ils ont des
armes, ils sont des professionnels de la
violence, ils contrôlent les médias et à
travers eux l´opinion publique. Nous
ne pouvons pas nous permettre d´agir
de forme téméraire et violente.

Mais une chose est de rejeter
l’usage de la force, quand il n’est pas
bénéfique pour le mouvement, et une
autre est de faire de la non-violence
une religion. Nous avons vu des gens
qui ont considéré certains slogans
comme « violents ». Des gens qui faisaient
valoir qu´on
pourrait convaincre les
policiers, qui seraient
nos égaux comme
« citoyens ». Sans être
méchant, quand ces gens
auront reçu un petit coup de
matraque, la petite bosse sur
leur tête leur montrera ce que la police
est vraiment. Nous ne pouvons pas
admettre qu´il y ait des gens qui croient
que les choses peuvent être obtenues
sans être virulents à un certain point,
sans situations stressantes, sans entrer
par la force dans certains lieux et sans
donner quelques coups. Il me semble
très naïf de penser que nous pouvons
réussir un changement social réel en
offrant des fleurs pendant qu’ils nous
assassinent (actuellement ce sont seulement
des balles de caoutchouc, dans le
futur, ce pourront être des balles
réelles). Même dans les révolutions les
plus pacifiques, telles que la révolution
des oeillets au Portugal, il a fallu être virulents le
moment venu. Nous ne pouvons
pas discréditer l´usage de
notre force,
pour nous
défendre contre ceux
qui veulent
nous attaquer
parce qu´ils ne
veulent pas les
changements
que nous voulons.
Si dans
notre discours
nous disons
non à l´usage
de la force
indépendamment
des circonstances, lorsque le moment
d´avoir à nous défendre viendra, nous serons
écrasés.

Aujourd´hui, nos armes sont nos
mains ou-vertes et nos voix, mais nous
avons aussi des poings, des ongles et
des dents, et il se pourrait qu´un jour
nous ayons à les utiliser pour
défendre nos acquis. On a également
parlé de former des groupes
pour isoler et identifier les « violents
 ». Il a même été question
de les donner à la police. Je
suis complètement contre
cette position. D´abord, cela
reviendra à créer une « police révolutionnaire
 » au sein du mouvement, ce
qui ne peut que conduire à un stalinisme
qui a causé l’échec de tant de
révolutions. Deuxièmement, parce que
les « violents » sont à ce jour pour une
bonne part des flics en civil (ce qu’ont
montré plusieurs vidéos).

Troisièmement, parce qu´il n´y a
rien que je regarde comme plus
méprisable que de dénoncer un camarade
à l’ennemi. Prévenir la violence,
oui. Institutionnaliser et classer les
moyens de prévenir cette violence,
jamais. Rien ne rend plus heureux un
gouvernement que de voir comme
nous divisons et nous stratifions, c´est
une des raisons (outre de donner une
mauvaise image) pour lesquelles ils
mettent des infiltrés violents dans nos
manifestations.

Je dois ajouter qu´il n´y a pas de
mot pour ce mouvement que je déteste
plus que le mot « pacifiste ». J´ai
déclaré la guerre à tout ce qu´il y a
d´injuste dans la société. Je rejette la
« paix sociale », je pense que nous
devons détruire tout ce qui nous
opprime et exploite. Et je ne dis pas
brûler les voitures, jeter des pierres,
brûler des bâtiments ou assassiner des
personnes. Je parle de détruire les institutions,
les relations d´autorité, le capitalisme.
A ces choses j´ai déclaré la
guerre. Je suis, par les circonstances,
pacifique. Je suis et je serai toujours
antimilitariste. Mais pacifiste, quand j´ai déclaré la guerre à toutes les tyrannies du monde, jamais.

Salut et liberté.

Un compagnon de Saragosse

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