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NATAIS, LE GEANT DU POP CORN

Publié le 1er septembre 2012

Il était bien pressé d’en découdre, de « ne pas accepter l’inacceptable » et donc de traîner trois salariés licenciés devant les tribunaux pour injures et autres calomnies… Dans notre précédent numéro, nous avons reproduit intégralement les propos poursuivis. Les seuls retours que nous ayons reçus de nos lecteurs, ce sont des messages d’incrédulité.

Il est vrai qu’il est incroyable de se retrouver devant un tribunal correctionnel pour avoir échangé sur un forum quelques mots de la plus grande banalité. Nous attendions donc avec une certaine impatience la journée du 24 mai 2012 puisque, ce jour-là, les trois salariés avaient été convoqués en bonne et due forme devant le tribunal. Nous pensions avoir droit pour le moins aux explications orales du plaignant, les explications écrites n’ayant pas emporté, c’est peu de le dire, notre conviction. Peine perdue. Au dernier moment, nous avons appris qu’il ne s’agirait que d’une audience de consignation : Nataïs a été appelé à déposer une somme symbolique pour pouvoir continuer son procès… et diverses dates ont été posées, de deux mois en deux mois, jusqu’à la véritable audience qui aura lieu (sauf recul de dernière heure) en novembre… Finalement, Nataïs ne semble pas si pressé que ça de faire connaître son argumentation...

Même chose d’ailleurs aux Prud’hommes. Les deux premiers ouvriers de la série de sept qui ont déposé un dossier devaient passer en jugement ce 20 juin. Ils avaient déjà passé l’étape de la conciliation obligatoire. Leur avocate (retenue par un autre procès, celui d’AZF) c’était vue dans l’obligation de demander un report. Cette fois-ci, c’est le patron qui a demandé le report de l’audience. C’était pourtant une excellente occasion pour lui de s’expliquer enfin publiquement sur la question de la Convention collective. Faut-il rappeler que c’est le refus par Nataïs d’appliquer cette Convention qui a été la cause de l’unique grève qu’ait connue cette entreprise en une vingtaine d’années d’existence et de tout ce qui s’en est suivi, comme la création du Forum (celui dont les propos sont poursuivis) et la vague inédite de licenciements. Nous devrons donc attendre quelques mois de plus pour savoir comment la défense de Nataïs va expliquer que les arrêts de la Cour de cassation ne s’appliquent pas dans le Gers. Un grand moment juridique en perspective pour lequel on ne peut pas dire que l’on sente un véritable empressement…

Mais revenons au 24 mai. Ce jour-là, à l’échelle du tribunal d’Auch au moins, il y avait abondance de journalistes. Le soir même, FR3 Midi-Pyrénées diffusait un reportage sur son journal (le 19/20) [1]. Le PDG de Nataîs était interviewé devant les chaînes de production. Quoi de plus normal ? Oui, mais, quand les salariés de Nataïs ont vu le reportage, ils ont immédiatement éclaté de rire : d’abord, parce la chaîne était déserte (aucun des ouvriers qui y travaille n’était présent à l’image, alors que la chaîne était en activité… ce qui est une situation pour le moins improbable, puisque, s’il y a pause, la chaîne est arrêtée) ; ensuite parce que les deux seules personnes que l’on voit à l’image en plus du patron, justement à côté de la chaîne, affublées comme le sont les ouvriers de production, c’est une administrative (mais que faisait-elle hors de son bureau ?) et un cadre de maintenance (qui n’est donc pas affecté au travail à la chaîne). A chacun de trouver son explication à ce double miracle médiatique. Mais, pour nous, il a un arrière goût de « Tintin au pays des Soviets » (album dans lequel des décors en carton-pâte ont pour rôle de tromper notre jeune reporter sur la réalité locale). Après « Tintin au pays des Soviets », Tintin au pays du Pop-corn ?

R.G

APPEL AUX SALARIES EXPOSES AU DIACETYL

Parmi les produits utilisés par Nataïs, il y a le DIACETYL, responsable de la « maladie du pop-corn ».

Cet adjuvant alimentaire est relié par des études nombreuses à une maladie grave, parfois mortelle, une « bronchiolite oblitérante » connue sous le nom de «  Popcorn workers lung ». Elle peut rapidement détruire les petites bronches, entraînant une réduction catastrophique des capacités respiratoires. La maladie est progressive, irréversible et potentiellement mortelle. L’Institut américain de la santé et de la sécurité au travail a soulevé le problème depuis 1985. Une étude réalisée sur des rongeurs en 1993 a démontré qu’une seule séance d’exposition de 4 heures pouvait être mortelle. Des résultats largement similaires ont été retrouvés par l’Institut américain de la santé et de la sécurité au travail en 2006. Même une exposition très courte peut donc être dangereuse. Malgré ses alertes inquiétantes, reprises en français sur le site du très officiel IRSST (Institut de recherche, de santé et sécurité au travail, Canada) les autorités françaises n’ont toujours pas interdit ce produit, contrairement à ce qui se passe aux USA. Le pire, c’est que la méconnaissance de l’exposition au diacetyl entraîne des erreurs de diagnostic. C’est pourquoi nous invitons tous les salariés qui ont couru le risque d’être exposés au diacétyl à prendre contact avec nous afin qu’ils reçoivent les informations indispensables.