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UNE HUMBLE DECISION : NE PLUS JAMAIS RECULER.

Publié le 2 novembre 2013

«  C’est seulement en se libérant de la peur que l’homme peut gagner sa liberté  »
Buenaventura Durruti, 1932.

Suite à nos deux communiqués précédents, nous avons décidé, sans vouloir se substituer au collectif autonome, de nous exprimer. Depuis l’expulsion du campement de la Place de Jaude, la situation n’est pas vraiment meilleure, contrairement à ce que prétendent les médias. De plus en plus de familles sont à nouveau exclues du 115. Face à cela, RESF a organisé un premier
rassemblement jeudi, comme d’habitude : délégation citoyenne. Un premier tract du collectif autonome fut diffusé. Puis lundi matin, le 28 octobre, nouveau rassemblement, organisé par RESF pour protester contre la vague de courriers reçus par des familles de personnes sans-papiers et
sans logis leur sommant de quitter leur hébergement d’urgence dans la journée et de faire appel au 115 pour se reloger.

Les militant-es et quelques familles se sont alors dirigé-es vers la Direction Départementale de la Cohésion Sociale où c’est une délégation composée de membres de RESF, la Cimade etc... qui est allée palabrer avec le représentant du préfet, M. Le Roy, pendant que les autres (la masse)
restait gentiment dehors, et ce, malgré notre demande, de la part du collectif alternatif, d’avoir au
moins un-e représentant-e dans cette délégation. Le résultat de ces "négociations" annoncé plus
tard dans la journée, à été fructueux puisque seule une famille a pu être relogée... Pour le collectif
alternatif, c’en était trop. Nous nous sommes rendu-es à RESF et avec insistance de membres du
collectif alternatif, plusieurs personnes sans-abris et des militant-es de divers horizons ont décidé
d’aller occuper la mairie de Clermont-Ferrand jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. En effet, se
rassemblait la majorité (PS, PCF, Verts). C’est donc une cinquantaine de personnes qui ont réussi à
investir la mairie. Tandis qu’une première négociation avait lieu avec M. Martinet (un ponte du PS),
nous faisions rentrer des matelas, et nous nous placions, avec ceux-ci, devant la porte des élu-es,
sous l’œil agacé des RG et des policiers déjà dedans. Pendant ce temps, d’autres, arrivées un peu
plus tard, restaient dehors.

A l’intérieur, le maire de Clermont-Ferrand, Serge Godard, à bien voulu consentir à recevoir
deux personnes, et pendant que certain-es protestaient en disant qu’il devrait parler avec tout le
monde, où que le cas échéant, ce ne serait plus la même sempiternelle délégation, deux membres
de RESF (dont le plus grand démonteur de barnum...) ont pris la décision eux-même-tous-seuls
qu’ils seraient la délégation et sont allés négocier avec lui. Sa réponse a été que ce problème
n’était pas de son ressort, qu’il avait un train à prendre et qu’il déléguait cette tâche ingrate à son
adjoint, M. Bianchi (futur maire...). Pendant que le "dialogue" suivait son cours, nous allions
expliquer la situation aux personnes rassemblées devant la porte. La porte de la mairie, solide
comme un socialiste face au capitalisme, a cédé rapidement. Plusieurs manifestant-es ont donc
réussi à ouvrir la grille et à pénétrer à l’intérieur. Et là, sous ordre du maire, s’en sont alors suivis
quelques échanges désagréables avec les forces du désordre qui ont finalement mis les moyens en œuvre nécessaires pour faire dégager les indésirables, à savoir gazeuses et matraques. Notons que les premier-es violenté-es et viré-es furent les militant-es du collectif alternatif. La violence de la police fut tue dans tous les médias...

Après qu’ils se soient enfermé-es à l’intérieur avec une chaîne, ce sont les CRS qui ont pris le relais avec les mêmes outils que leurs collègues pour éloigner
encore les manifestant-es. Quelques coups de lacrymo et tranches de citron plus tard (1h30 de
ballade autour de la mairie en jouant à Tom et Jerry avec les vilains condés), les manifestant-es ont
pu réinvestir le devant de la mairie, plus calmement et sous l’oeil attentif de CRS restés là (au cas
où le danger terroriste que représente 30 personnes se manifesterait). Pendant ce temps, la
négociation au sommet continuait. C’est quelques heures plus tard qu’une "solution" à été trouvée
pour toutes les personnes concernées : à savoir UNE SEULE nuit d’hébergement en hôtels et en
bungalows... Nous souhaitons noter que nous exigions un logement pour toutes et tous, sans
distinctions de nationalité.

Cependant, c’est la preuve que seul le rapport de force amène à arracher des victoires. Que la négo scie l’action. Mais pendant cette occupation, cet affrontement aux forces d’État, nous
avons pris confiance en notre force autonome.

«  Seul-es les poissons morts flottent avec le courant.  »
BZ-Brigader, 1980.

Face à l’Etat, on ne recule plus.
Autonomie, entraide, solidarité.

Union Locale CNT-AIT, 30 octobre 2013.