PROJET DE CHARTE

Publié le 8 avril 2015

Le monde change. Depuis plusieurs années, nous menons une réflexion sur ce qui pourrait être la meilleur façon d’organiser le mouvement anarchosyndicaliste [1]… nous croyons maintenant ces deux textes assez aboutis pour les soumettre à la discussion, à la critique publique.

CNT-AIT Midi-Pyrénées 

(Projet)
Anarchosyndicalisme : Déclaration de principes


« Nous sommes des hommes vraiment sans dieu, sans maître et sans patrie, les ennemis irréconciliables de tout despotisme, moral ou matériel, individuel ou collectif, c’est-à-dire des lois et des dictatures – y compris celle du prolétariat – et les amants passionnés de la culture de soi-même. »

Fernand Pelloutier, 12 déc. 1899

  Pour un fédéralisme horizontal

L’Anarchosyndicalisme est une pratique qui s’inscrit dans l’histoire collective de la lutte des classes, celle de l’Humanité qui oeuvre pour sortir de la servitude, de l’exploitation, et de la misère dans lesquelles veulent nous maintenir tous les pouvoirs. Il s’inscrit aussi dans l’histoire des révolutions sociales où les révolutionnaires ont lutté pour instaurer une société sans classes. L’Anarchosyndicalisme fonctionne, donc, en fédéralisme horizontal dans une organisation qui refuse la centralisation, car ce qui nous fédère, c’est le refus de la transcendance du pouvoir. Son unité fédérative réside sur la conviction de chaque membre dans l’évidence des principes de Liberté, d’autonomie, d’égalité, et de solidarité universelle (entraide a-nationale et lutte globaliste).

  Pour une démocratie directe

LAnarchosyndicalisme veut la suppression de toutes formes de dominations. Il préfigure une société qui rend impossible toute séparation en gouvernants et gouvernés, et refuse toute forme d’Etat, de dogme et d’exploitation.
Nous refusons, de ce point de vue, l’idée même de démocratie représentative, et lui opposons l’exercice de la démocratie directe. Nous affirmons que chacun doit prendre part à la délibération collective et que nous pouvons nous-mêmes prendre les décisions qui nous concernent. Dès l’instant où nous nous donnons des représentants, nous ne sommes plus libres. Notre vie nous appartient et notre volonté ne se représente pas. Tout ce que nous avons à faire, nous devons le faire par nous-mêmes.

  Pour les luttes d’action directe

Le projet révolutionnaire porté par l’Anarchosyndica-lisme repose sur l’intelligence collective dont chaque individu est détenteur à part égale. L’organisation composée des groupes de militants n’a pas vocation à constituer une quelconque avant-garde, à la manière d’une élite qui aurait à éclairer la masse. C’est la société dans son ensemble qui doit sortir de la passivité et de la délégation. L’Anarchosyndicalisme n’a donc pas pour but de prendre en main, par tous ses organes, la direction de la production et l’administration de la vie sociale.

Notre tâche consiste, d’une part, à favoriser la libération d’une parole collective qui, seule, est capable d’instituer les structures sociales nouvelles que nous voulons, et, d’autre part, à étendre les luttes d’action directe, c’est-à-dire des luttes collectives autonomes sans intermédiaires, dont nous affirmons qu’elles sont le moyen le plus efficace de déstabiliser le pouvoir et de réaliser la transformation sociale. A ce titre, nous encourageons au développement des collectifs de lutte librement constitués, dans les usines, les administrations, les quartiers. Par là, nous entendons instituer une autre forme de vie sociale anti-autoritaire et sans hiérarchies. Nous encourageons donc la volonté des collectifs et assemblées à s’autodéterminer.

  Nécessité de l’organisation

Nécessité de s’auto-organiser

L’anarchosyndicalisme ne sépare jamais la fin et les moyens, la pratique de la théorie, l’action quotidienne de la perspective révolutionnaire. Il rend possible l’émergence et la diffusion des luttes qui, seules, mettent en pratique notre objectif, le rendant concret, tangible, et par conséquent immédiatement reproductible. Ces luttes existent et existeront toujours, elles n’appartiennent à aucune organisation en tant que telle.

Notre organisation s’inscrit, par conséquent, dans les mouvements auto-organisés, sans compromission politique ou financière, qui, de fait, ont vocation à renverser l’ordre établi. C’est la raison pour laquelle nous refusons toute subvention. Le processus révolutionnaire ne s’accomplit pas de lui-même ; se contenter de le contempler n’a jamais produit que des fantasmes. La nécessité de coordonner les efforts en une organisation, procède du fait historique lui-même qu’il n’y a pas de révolution sans révolutionnaires. La situation révolutionnaire n’est plus seulement celle de l’insurrection, qui relève encore de la réaction, mais celle d’une société qui positivement se réinvente elle-même, instituant des structures nouvelles. Le projet révolutionnaire, comme tel, ne peut se construire que dans une organisation internationale. Il est la production sociale d’une raison politique universelle qui naît, légitimement, d’un sentiment de révolte partagé.

  Le Réseau

Le réseau confédéral des groupes Anarchosyndicalistes est l’objectif révolutionnaire en actes. Le réseau est l’exercice même de la démocratie directe qui veut la réciprocité totale entre l’individu et le groupe, entre les groupes et le Réseau qui les relie entre eux. L’ensemble des groupes reconnaît qu’au sein de chacun d’entre eux, la parole de chaque individu pèse le même poids. Cela implique nécessairement, qu’en retour, tout l’effort de chacun soit tendu vers l’intérêt du groupe, que chacun porte en lui la responsabilité de l’ensemble.

Notre mode d’organisation n’oppose pas l’idée d’une réalisation de l’individu pour lui-même, et l’idée que l’individu seul n’existe pas. Notre liberté naît de l’interaction et de la solidarité entre l’individu et le collectif. Il en va de même quant au rapport qui lie le groupe, toujours autonome et politiquement responsable, à l’ensemble du réseau. La réalité première du Réseau, c’est la relation. Les termes de la relation n’existent pas indépendamment les uns des autres. Les paroles et les actions de chacun peuvent ainsi faire naître chez tous des pensées et des actions qui lui appartiendront en propre. Chaque groupe, et de même chaque individu, se forme dans une interaction permanente d’idées et de pratiques. C’est la coordination des pratiques qui importe pour autant qu’elles reflètent notre fond idéologique commun ; l’essence de l’organisation se construisant à la faveur de ces pratiques et de ces échanges eux-mêmes.

Toujours, la pratique précède le droit : les dispositions de l’organisation ne sont pas autre chose que le résultat de l’action réelle et de l’interaction des groupes. D’abord, par simple souci d’efficacité, ensuite, parce qu’il en va de la capacité de la collectivité à garder un rapport avec elle-même en empêchant la confiscation du pouvoir. Ces dispositions doivent ainsi permettre d’exclure toute émergence d’un pouvoir permanent.

Notre stratégie se consolide à partir de toute victoire, même modeste, et de toute expérience qui procède de la solidarité et de la libre volonté des assemblées autonomes, dans une perspective émancipatrice. Nous voulons, par le Réseau, donner vie à cette exigence première d’autodétermination qui conduit toute l’histoire de l’Anarchosyndica-lisme ; pour que prenne véritablement corps le projet révolutionnaire, et qu’il trouve, d’ores et déjà, une effectivité dans nos pratiques quotidiennes, dans notre vie présente.

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