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Répétition Générale

Publié le 7 août 2006

 Répétition Générale

Cet état d’urgence a été décrété alors que la situation n’avait rien de catastrophique, loin de là. Ceux d’entre nous qui vivent en banlieue en ont vu vraiment d’autres. Certes, les médias ont mis le paquet, pour faire croire que la France flambait. En fait, les affrontements ont été circonscrits, et, même dans les zones "chaudes", assez limités.

En se plaçant un instant sur le terrain de nos adversaires, dans une perspective du maintien de l’ordre capitaliste, une constatation s’impose : l’état d’urgence n’était nullement nécessaire. Mais sa proclamation permettait de tester, grandeur nature, sa faisabilité au cas où il s’avérerait un jour réellement utile. C’est donc à une répétition générale que nous avons assistée. Elle a été fort rassurante pour le pouvoir : il n’a manqué ni de crétins, morts de trouille, pour dénigrer les révoltés, ni de collaborateurs pour le soutenir.

 Qu’est-ce que vous faites la prochaine fois ?

Grâce aux uns et aux autres, la France a retrouvé son petit rythme pépère : les entreprises délocalisent et licencient au rythme des cours de la bourse. Les loyers continuent leur hausse irrésistible. L’électricité est privatisée. Les expulsions de sans-papiers s’accélèrent. Des SDF meurent de froid. Le tarif du gaz explose. Les "avec-papiers" expulsés de leurs logements sont toujours à la rue. La violence policière se donne libre cours. Les ghettos se renferment. Les jeunes sont sacrifiés... L’oppression étatique, la misère économique et sociale font chaque jour tâche d’huile.

Dans ces conditions, il est clair -au moins pour nous- que la révolte des banlieues, si elle avait été accueillie dans la solidarité, pouvait être le point de départ d’une remise en question généralement de cette société fondamentalement injuste. C’est pourquoi nous nous sommes attachés à un travail de présence sur le terrain, d’explication, de solidarité. C’est à ce même travail que nous invitons tous ceux que la situation actuelle excède à entreprendre dès aujourd’hui, avec nous, dans la perspective des prochains mouvements sociaux qui viendront inexorablement.