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Un Autre Futur n°164

Publié le 15 août 2019

  DES GILETS JAUNES ET DE LA COGESTION

« Les gilets jaunes ont obtenu plus en un an que les syndicats en vingt ans » constataient récemment un responsable patronal faisant allusion aux dix sept milliards d’euros débloqués par Macron. Les dirigeants syndicaux et les médias constatant la baisse du nombre de syndiqués se lamentent et appellent à un renouvellement des grandes centrales. Pour eux, renouvellement signifie plus de considération de la part de l’État, plus de moyens et d’argent mis à leur disposition, plus de participation à la gestion de l’économie capitaliste, en bref plus de cogestion. Discours hypocrite s’il en est et les gilets jaunes le prouvent, car ils se contentent d’appliquer des méthodes syndicales vieilles de plus d’un siècle, méthode que les syndicats ont depuis longtemps, sous prétexte de modernisation et de cogestion délaissées.

Au début du vingtième siècle, le mouvement syndical pour faire aboutir ses revendications pratiquait l’action directe, c’est-à-dire que les travailleurs décidaient eux-mêmes démocratiquement de leurs revendications et des moyens qu’ils mettaient eux-mêmes en œuvre. Pour faire céder le patron ou l’État, ils ne faisaient confiance qu’à leurs propres forces. En refusant de confier à d’autres, bureaucrates, permanents ou autres professionnels la gestion de leur lutte, ils affichaient aux yeux du monde leur volonté de construire un monde plus humain. La grève, le boycott, voire le sabotage sont des méthodes d’action directe.

C’est parce qu’ils utilisaient ces méthodes de lutte et parce qu’ils pratiquaient la solidarité que les travailleurs ont conquis au prix de beaucoup de souffrances les acquis sociaux actuels. Démocratie directe, action directe et solidarité sont les seules armes à la disposition des exploités pour faire céder leurs exploiteurs. Les confédérations syndicales actuelles n’ont plus rien de commun avec les anciens syndicats qui refusaient absolument toute collaboration avec l’État et les patrons parce qu’ils les considéraient pour ce qu’ils sont aujourd’hui comme hier : des ennemis de classe qui ne cèdent qu’à la contrainte. En renouant avec ces pratiques et en montrant qu’elles sont toujours aussi efficaces, les gilets jaunes nous prouvent que le vieil appel de l’Association Internationale des Travailleurs est toujours d’actualité : « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes »

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